Politique, sept. 2000

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De Stockwell Day à la souveraineté... il n'y a qu'un pas.

 

Par Simon Fournier  

          La saison estivale a été chaude pour les partis de la droite canadienne. Dans un premier temps, le Parti progressiste conservateur, avec à sa tête Joe Clark, a refusé de se joindre à l'Alliance canadienne, ce qui a détruit le rêve de Preston Manning de réunir sous une seule bannière les forces conservatrices. Par la suite, ce même Preston Manning a été régurgité de son «monstre » politique qui lui a préféré Stockwell Day, ancien ministre des Finances albertain, comme chef.

 La prochaine élection qui devrait avoir lieu bientôt s'annonce donc intéressante. Vivement du changement, vivement du nouveau ! Si Jean Chrétien peut enfin se décider à accrocher sa cravate, on aura, de plus, une nouvelle tête au Parti libéral, le dangereusement populaire Paul Martin. Pourquoi dangereusement ? Parce qu'étant apprécié des électeurs, particulièrement au Québec, M. Martin risque de consolider le vote libéral qui aurait peut-être tendance à glisser si M.Chrétien reste à la tête du parti, tout en amenant de nouveaux votes vers les Rouges, en particulier les voix conservatrices de la région de Sherbrooke qui, avec la disparition de Jean Charest de la scène fédérale, perdent de leur intérêt dans le PC.

C'est précisément ici que l'arrivée d'un Stockwell Day devient intéressante. Examinons cela de plus près. À Paul Martin comme chef du parti Libéral qui remporterait probablement plus de sièges au Québec qu'à la dernière élection, combiné avec l'Ontario qui voterait Libéral même si c'était Krusty le clown à la tête du parti, nous avons qu’à ajouter le pattern habituel, c'est à dire : conservateurs et néo-démocrates dans les maritimes, bloquistes au Québec, Alliance canadienne dans l'Ouest et on se retrouve en bateau pour un autre quatre ans avec le même vieux Parti libéral. Ce scénario semble presque inévitable. Il y a cependant une porte de sortie à cette machine infernale : l'Alliance canadienne.

Pourquoi l'Alliance ? C'est simple, c'est le seul parti susceptible de renverser la vapeur. Pensez-y, il faut éliminer immédiatement le NPD et le Parti conservateur qui n'ont pas les reins assez solides dans l'Ouest pour remporter une élection. Même s'ils remportaient, ces partis trop modérés ne feraient rien pour régler la question nationale du Québec et tenteraient simplement de l'éviter. Il faut également oublier le Bloc québécois. Oui, avouons-le franchement une fois pour toutes, ce parti est une vraie farce qui, face à la popularité de l'Alliance canadienne dans l'Ouest, n'aurait de toute façon aucune chance de remporter le titre d'opposition officielle et serait confiné, comme il l'est maintenant, à un rôle très discret, pratiquement inutile, dû au fonctionnement de la politique canadienne. Alors il ne reste qu'une option : celle de l'Alliance. Si les Québécois votent massivement pour l'Alliance, on risque de se retrouver avec Stockwell Day comme Premier ministre ce qui serait un grand pas vers l'indépendance du Québec.

 Je m'explique. Même si M. Day n'a pas encore émis sa position officielle face à la situation du Québec, il est difficile d'imaginer qu'il n'en a pas. Comment un politicien aussi radical, partisan du port d'arme, du rétablissement de la peine de mort et d'un taux d'imposition unique, adversaire de l'avortement et des droits des homosexuels peut rester de glace face à ceux qui veulent diviser son pays ? Un politicien comme lui, avec son franc parler et ses opinions légèrement extrémistes, détenant un gouvernement majoritaire ne pourrait que mettre le feu aux poudres. Sa mentalité de «l'Ouest », très à droite, ne pourrait que se heurter à la mentalité plus à gauche, plus socio-démocrate des Québécois.

          J'entends déjà les protestations : qui va nous représenter, les Québécois, qui va défendre nos droits ? Et bien personne ! Voilà ce qui est magnifique. Le jour où plus personne ne sera là pour nous défendre, le jour où nos droits seront constamment bafoués, le jour où Ottawa ne voudra plus reconnaître notre société distincte, ce jour sera aussi celui où la moitié de la population québécoise qui se sent bien au sein du Canada changera d'idée, ce jour sera celui où nous nous rendrons enfin compte de l'importance de tout faire pour sauvegarder notre propre culture. Ce jour sera celui où les Québécois formeront enfin un peuple uni, qui se lèvera debout pour dire : c'est assez ! Dans ce cas, Québécoises et Québécois, pour le bien de la nation, faites-vous violence, votez pour l'Alliance !

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