L’ANTIMONDIALISATION:
Prélude
à la compréhension de la rencontre de Québec
Par Marc-André Durand
conan_phebus@hotmail.com
La ville de Québec accueillera les
20-21-22 avril prochains le Sommet des Amériques. Afin de démontrer que votre journal d’histoire favori
n’est pas passéiste, il convient de prendre immédiatement de l’avance
sur cette nouvelle.
Car à la lumière
de notre expérience, ce n’est pas le Journal de Montréal qui va le faire,
comme toute La Presse (il y a un double sens, vous l’avez vu ?). Et pour
cause: ces deux journaux, comme bien d’autres, défendent les intérêts
d’une classe qui a tout à gagner avec la création en 2005 de la Zone de
libre-échange des Amériques. La Z.L.É.A. est une extension panaméricaine
de l’Accord de Libre-Échange Nord-américain.
Pourtant,
socialement, l’A.L.É.N.A. fut loin d’être profitable à tous depuis son
institution en 1989. Depuis cette date, le chômage fut particulièrement élevé
au Québec (plus de 11% pour atteindre 8.5% cet été au Québec), le nombre
de bénéficiaires de l’aide sociale a explosé (595 000 en 1991, 795 000 en
1997), le nombre de salariés plafonne et le taux de syndicalisation chute
(48.5% en 1991, 40.3% en 1997). (Le
Monde diplomatique, Février 1999).
Le
«déficit zéro» reste le point marquant de la politique canadienne des années
90. Faut-il s’étonner d’apprendre que cette disposition est partie intégrante
du traité de l’A.L.E.N.A.? Cette pratique possède aussi son exercice de légitimation:
l’incompréhension apparente du phénomène du coût social et la systématisation
du critère de la création d’emplois (en dépit de la perte d’emplois).
Ces deux procédés, doublés entre autres d’une structure politique
douteuse, mènent inexorablement à une politique du court-terme. Dans le
dossier environnemental, l’A.L.É.N.A. est directement relié à la déréglementation
de certains produits, comme les BPC ou le MMT.(De plus, les plaintes, procédures
et négociations ne peuvent être que confidentielles).
Les accords du type
de la Z.L.É.A. sont évidemment très bénéfiques pour les grandes
entreprises, qui sont maintenant les plus grands acteurs internationaux.
Certaines d’entre elles gèrent des budgets supérieurs au P.I.B. de
certains pays. «Au tableau des cent entités économiques les plus
importantes, cinquante et une sont des multinationales et quarante-neuf
seulement, des États»(The Ottawa
Citizen,20 avril 2000, cité par le S.C.R.S. Rapport N0 2000/08).
Le plan impérialiste
pourrait réussir si ce n’était des différents groupes qui s’opposent à
la mondialisation (ou à son caractère inhumain). Pour que vous puissiez
choisir votre camp, il convient de décrire l’alliance rebelle qui
s’oppose à cet empire mécanisé et désacralisé (tiens, ça me rappelle
un film). Ces groupes, réunis par l’Internet, sont de nationalités et
d’idéologies aussi diverses qu’ils ont de causes à défendre. Leurs
cibles favorites, suite logique aux grandes compagnies en 1995 sont maintenant
les organisations internationales comme l’O.M.C., le F.M.I., la Banque
mondiale, l’Organisation des États américains ou le Congrès mondial du pétrole.
«Ces vastes mouvements de protestation, qui rappellent ceux des années 60 et
70 contre le nucléaire et la guerre du Viêt-nam, défendent toutes sortes de
causes et se déroulent partout dans le monde». (S.C.R.S.) Ces interventions
prennent de plus en plus des allures de guerre globale. Déjà, à Londres, 6
mois avant les événements de Seattle, il y eut un rassemblement de 2000
personnes contre le G8. «Pendant que les manifestants descendaient dans la
rue, les établissements d’affaires étaient la cible de cyberattaques.
Pendant cinq heures, une vingtaine d’entreprise au moins ont été victimes
de plus de 10 000 attaques de pirates ».(S.C.R.S.).
Pour certains, ce
courant indique la montée de la nouvelle gauche. En effet, on ne peut s’empêcher
de penser à l’«été des barricades» qui secoua Paris en 1968. En un
sens, c’est une chance d’avoir la rencontre du Sommet des Amériques si près
de nous, en avril prochain. Cela nous permettra, à nous aussi, de faire parti
de l’histoire des peuples.
Aussi,
il convient de vous poser immédiatement la question: où serez-vous en avril
2001?
Bien
sûr, les pouvoirs publics désapprouveront l’action directe portée par des
milliers de citoyens...
D’ailleurs,
il existe un très beau proverbe pour décrire cette situation...
Dis-
moi qui te finance, je te dirai qui tu es...