Politique, oct. 2000

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L’ANTIMONDIALISATION:

Prélude à la compréhension de la rencontre de Québec

 

Par Marc-André Durand

conan_phebus@hotmail.com

 

        La ville de Québec accueillera les 20-21-22 avril prochains le Sommet des Amériques.  Afin de démontrer que votre journal d’histoire favori n’est pas passéiste, il convient de prendre immédiatement de l’avance sur cette nouvelle.

        Car à la lumière de notre expérience, ce n’est pas le Journal de Montréal qui va le faire, comme toute La Presse (il y a un double sens, vous l’avez vu ?). Et pour cause: ces deux journaux, comme bien d’autres, défendent les intérêts d’une classe qui a tout à gagner avec la création en 2005 de la Zone de libre-échange des Amériques. La Z.L.É.A. est une extension panaméricaine de l’Accord de Libre-Échange Nord-américain.

 

Pourtant, socialement, l’A.L.É.N.A. fut loin d’être profitable à tous depuis son institution en 1989. Depuis cette date, le chômage fut particulièrement élevé au Québec (plus de 11% pour atteindre 8.5% cet été au Québec), le nombre de bénéficiaires de l’aide sociale a explosé (595 000 en 1991, 795 000 en 1997), le nombre de salariés plafonne et le taux de syndicalisation chute (48.5% en 1991, 40.3% en 1997). (Le Monde diplomatique, Février 1999).

 

Le «déficit zéro» reste le point marquant de la politique canadienne des années 90. Faut-il s’étonner d’apprendre que cette disposition est partie intégrante du traité de l’A.L.E.N.A.? Cette pratique possède aussi son exercice de légitimation: l’incompréhension apparente du phénomène du coût social et la systématisation du critère de la création d’emplois (en dépit de la perte d’emplois). Ces deux procédés, doublés entre autres d’une structure politique douteuse, mènent inexorablement à une politique du court-terme. Dans le dossier environnemental, l’A.L.É.N.A. est directement relié à la déréglementation de certains produits, comme les BPC ou le MMT.(De plus, les plaintes, procédures et négociations ne peuvent être que confidentielles).

 

Les accords du type de la Z.L.É.A. sont évidemment très bénéfiques pour les grandes entreprises, qui sont maintenant les plus grands acteurs internationaux. Certaines d’entre elles gèrent des budgets supérieurs au P.I.B. de certains pays. «Au tableau des cent entités économiques les plus importantes, cinquante et une sont des multinationales et quarante-neuf seulement, des États»(The Ottawa Citizen,20 avril 2000, cité par le S.C.R.S. Rapport N0 2000/08).

 

Le plan impérialiste pourrait réussir si ce n’était des différents groupes qui s’opposent à la mondialisation (ou à son caractère inhumain). Pour que vous puissiez choisir votre camp, il convient de décrire l’alliance rebelle qui s’oppose à cet empire mécanisé et désacralisé (tiens, ça me rappelle un film). Ces groupes, réunis par l’Internet, sont de nationalités et d’idéologies aussi diverses qu’ils ont de causes à défendre. Leurs cibles favorites, suite logique aux grandes compagnies en 1995 sont maintenant les organisations internationales comme l’O.M.C., le F.M.I., la Banque mondiale, l’Organisation des États américains ou le Congrès mondial du pétrole. «Ces vastes mouvements de protestation, qui rappellent ceux des années 60 et 70 contre le nucléaire et la guerre du Viêt-nam, défendent toutes sortes de causes et se déroulent partout dans le monde». (S.C.R.S.) Ces interventions prennent de plus en plus des allures de guerre globale. Déjà, à Londres, 6 mois avant les événements de Seattle, il y eut un rassemblement de 2000 personnes contre le G8. «Pendant que les manifestants descendaient dans la rue, les établissements d’affaires étaient la cible de cyberattaques. Pendant cinq heures, une vingtaine d’entreprise au moins ont été victimes de plus de 10 000 attaques de pirates ».(S.C.R.S.).

 

Pour certains, ce courant indique la montée de la nouvelle gauche. En effet, on ne peut s’empêcher de penser à l’«été des barricades» qui secoua Paris en 1968. En un sens, c’est une chance d’avoir la rencontre du Sommet des Amériques si près de nous, en avril prochain. Cela nous permettra, à nous aussi, de faire parti de l’histoire des peuples.

Aussi, il convient de vous poser immédiatement la question: où serez-vous en avril 2001?

 

Bien sûr, les pouvoirs publics désapprouveront l’action directe portée par des milliers de citoyens...

 

D’ailleurs, il existe un très beau proverbe pour décrire cette situation...

 

Dis- moi qui te finance, je te dirai qui tu es...


Dans mes articles ultérieurs, je décrirai les reproches fait contre la Z.L.É.A., les nouvelle méthodes de manifestation et les mesures mises en place pour le prochain Sommet des Amériques . Toujours dans l’optique d’une préparation au matraquage médiatique que vous aurez à subir en avril prochain.

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