Variations en clé de Sol sur nos Facultés
Par
Pierre Boglioni,
professeur au département
d'histoire,
Université
de Montréal
Dans
nos Facultés, tout est facultaire: des programmes facultaires, des projets
facultaires, des perspectives
facultaires. Mais les choses vraiment importantes - comme une bonne connaissance
du français et une bonne culture générale - sont plus que facultaires. Elles
sont facultatives.
Dans
notre Université, nous avons beaucoup de vertus, notamment les vertus de Foi et
de Science, dont la possession nous est garantie à jamais par notre devise même.
Mais nous avons aussi beaucoup de vices: les Vice-Recteurs, les Vice-Doyens et
bien d’autres Vices semblables. Ce sont, parait-il, des Vices structuraux.
Il
semblerait que bientôt, dans nos Facultés, trois articles vaudront comme une
thèse de Doctorat. Ce sera, paraît-il, un progrès culturel décisif, ce
fameux “saut qualitatif” que notre Université attendait depuis toujours.
Nous accéderons enfin aux ligues majeures. En ces temps fabuleux, je suppose,
trois amourettes compteront comme un mariage, trois coïts compteront comme une
naissance. Et Trois Pistoles passera pour une grande métropole.
La
variété est l’un des plus grands atouts de nos Facultés. Nous avons des
Facultés théoriques et des Facultés pratiques, des Facultés supérieures et
des Facultés inférieures, des Facultés cognitives et des Facultés
sensitives. Sans oublier, bien sûr, certaines Facultés végétatives, et
quelques Facultés affaiblies.
Quand
des Facultés n’ont plus leurs doyens, on procède à des élections, et tout
est réglé. Mais quand des doyens n’ont plus leurs facultés, à quoi peut-on
procéder?
Le
CEPSUM et le stade de l’Université sont là pour nous aider à cultiver, chez
nos étudiants, les facultés du
corps. Heureusement, nous avons aussi des salles de cours, pour nous aider à
cultiver convenablement les facultés de l’âne.
Il
y a trois ans, nous le savons, nos Facultés étaient au bord du gouffre. Mais
on nous assure que, depuis lors, elles ont fait un grand pas en avant!
Nos
Ministres de l'Éducation
Nous
avons eu, dans les dernières années, toute sorte de ministres de l’éducation.
L’un venait du ministère de l’agriculture, et se connaissait parfaitement
en vaches et en cochons. Un autre venait du ministère de la santé, et se
connaissait parfaitement en malades mentaux et en asiles. Le dernier vient du
monde des affaires, et se connaissait parfaitement en clubs de vacance et en
vente de siège à rabais. Décidément, pour notre Gouvernement, l’éducation
est une affaire trop importante pour être laissée aux éducateurs!
La
publicité dans les toilettes
Comme
son fils Titus lui reprochait d’avoir imposé l’urine [par la construction
de toilettes payantes], Vespasien lui mit sous le nez l’argent qu’avait
rapporté l’impôt lors des premières rentrées et lui demanda: “Es-tu
incommodé par l’odeur?”.
Vies
des douze Césars.
L’argent
n’a pas d’odeur, d’où qu’il vienne.
Juvénal,
Satires.
De
“Le coin du gourou”, dans L’Autre
Forum. Le journal des professeurs de l’Université de Montréal
(Octobre 2000).
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