Opinion, oct. 2000

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(Les) Problèmes d’histoire

 

Par Mathieu Le Blanc

mat.leblanc@sympatico.ca

        Si l’Université de Montréal voit son nombre d’étudiants augmenter cette année, il en est tout autrement pour le département d’histoire. En effet, la baisse du nombre de premières années (mineur, majeur et baccalauréat) continue pour une X e année consécutive.

        Si pour plusieurs cette statistique ne reflète qu’un creux dans une vague qui remontera bien un jour, je crois au contraire que cette baisse légère ne fera que s’accentuer au cours des prochaines années et ce, à cause de plusieurs facteurs.

        Premièrement, le réseau collégial a vu, cette année, ses inscriptions baisser substantiellement. Les raisons évoquées pour justifier cette baisse: dénatalité et augmentation du décrochage. Si présentement l’Université de Montréal voit augmenter le nombre de ses étudiants, à la longue il y aura sûrement une baisse. C’est logique. Alors si présentement nos inscriptions baissent alors qu’il y a une augmentation dans le réseau, imaginez lorsque les inscriptions de l’ensemble des facultés de l’Université de Montréal baisseront.

        Cette baisse peut-être expliquée par des facteurs internes à l’Université de Montréal et au département d’histoire. Pour la majorité des étudiants qui commencent des études universitaires, un emploi lié au domaine de spécialisation devrait normalement couronner leurs études. Pour les futurs historiens, l’avenir est loin d’être aussi aisé. Avec un bac en histoire, l’étudiant diplômé aura peu de chances de se trouver un emploi lié au métier d’historien ;  pour enseigner au secondaire, il faut un bac en enseignement. Ce bac, d’ailleurs, fut dénoncé par plusieurs professeurs et chargés de cours (notamment l’article publié dans Le Devoir l’an dernier auquel participait Michel de Waele), car il donnait une formation bien incomplète aux futurs enseignants. Pourquoi ne pas offrir une solution de rechange, comme des finissants au bac en histoire ayant complété leur formation par un certificat en enseignement ?

        Pour l’enseignement collégial, il faut une maîtrise et il est difficile d’y accéder vu la quantité de postes disponibles. L’histoire est nécessairement un tremplin vers une autre discipline: sciences politiques, archivistique, sciences de l’information, journalisme, etc. Donc, un étudiant va avoir tendance à faire un mineur ou un majeur pour se diriger ensuite dans une spécialisation voulue.

        Un étudiant va à l’université pour se spécialiser et non pour avoir nécessairement une formation de culture générale, même si elle s’avère extrêmement profitable. Le programme du baccalauréat en histoire de l’Université de Montréal est présentement fait pour une minorité d’étudiants qui cherchent à développer une culture générale. Une personne intéressée à une phase plus spécifique du monde, une ère spatio-temporelle, va choisir un programme plus spécifique. Par exemple, un étudiant intéressé particulièrement au Moyen Âge va s’inscrire en études médiévales (ETM). Cette situation n’est peut-être pas nouvelle en ce qui concerne les programmes d’études classiques et médiévales, mais la création de programmes bi-disciplinaires (relations internationales, par exemple) draine des étudiants du programme d’histoire.

        Le bac en histoire s’est amélioré au cours des dernières années. L’ajout du bloc langues, il y a deux ans, permet à l’étudiant d’utiliser des crédits pour se spécialiser dans un groupe linguistique qu’il soit vivant ou mort (le latin et le grec ancien). Il faut continuer dans cette route. Tout en voulant donner une formation générale de base en histoire, l’étudiant devrait pouvoir facilement se spécialiser au cours de son bac. Il faut donc permettre une meilleure convivialité entre les différents programmes de la Faculté des Arts et Sciences (F.A.S.). Ce qu’il y a de merveilleux avec l’Histoire, c’est que tout ce ramène à l’Histoire. Les étudiants devraient donc pouvoir se faire créditer des cours hors département facilement. Le bloc Y permet déjà certains cours hors département, mais le choix est trop restreint. Par exemple, tous les cours ETM devrait se retrouver dans ce bloc et non seulement deux. C’est la même chose avec les cours de philosophie ainsi que plusieurs autres. Sans être un programme fourre-tout, le bac spécialisé se doit de permettre à l’étudiant de se spécialiser, il doit avoir le choix.

        Il ne s’agit pas de faire une réforme majeure. Voici quelques suggestions qui faciliteraient les échanges entre les disciplines et une meilleure spécialisation. Premièrement, il faudrait enlever tout les maximums dans les blocs. Un étudiant qui veut se spécialiser en Europe contemporaine devrait pouvoir prendre plus que deux cours de deuxième année sur cette époque. Ensuite, il faudrait élargir la banque de cours du bloc Y, comme je le disais précédemment, pour pouvoir donner le choix à l’étudiant de se spécialiser. En bref, il faudrait être beaucoup plus souple pour que l’étudiant puisse profiter pleinement de ses études. Si nous n’apportons pas de solutions, d’autres vont le faire à notre place et à nos dépends.

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