I am
Canadian, d’une façon ou de l’autre
Par Jonathan-Philippe Desmarais
jodesmarais@hotmail.com
Il
restera, malgré les inlassables vaudevilles constitutionnels, certains héritages
nationaux acquis auxquels ni fédéralistes, ni souverainistes ne pourront
jamais revendiquer l’originalité. Cette éternelle Minute du patrimoine
neutralisée devient tranquillement la planche de salut de cette vision « trudeauiste »
du « One Canada, one nation ». Perception partisane sur laquelle la
guerre de tranchées Ottawa-Québec avait orienté ses positions stratégiques.
Ce nouveau nationalisme se modèle non plus sur la fébrilité patriotique ou
sur une pâle copie du « melting pot » américain mais bien sur le
sens du partage des acquis culturels qui auront caractérisés le Canada depuis
sa fondation. Non sans être voilée par les éternelles subtilités
canadiennes, il appelle à une sensibilité commune à laquelle on ne peut
attacher aucune prétention. De fait, le Canada restera toujours la première
nation de Hockey, le deuxième pays en superficie et le chef d’État sera
quand même un Premier ministre et non un président. Ligué derrière Joe, ce
nationalisme remodelé prend tranquillement vie. La bande annonce de la Molson
Canadian, où Joe se lève contre l’envahissement américain dans la culture
canadienne, attise une sympathie commune et force à consentir à ces faits indéniables
de notre histoire. Musique, images évocatrices et Joe le bon gars. Aucun
message politique, aucune pointe perverse envers le Québec. Message net, émouvant
et basé sur des fresques quasi romantiques de notre histoire commune. Voilà ce
qu’évoque ce nationalisme au PH neutre : « I am Canadian d’une façon ou
d’une autre. En français ou en anglais, on a strictement rien à ectoplasmer,
on ne se fera pas de bile. L’important pour toi comme pour moi, c’est de préserver
notre culture propre face à cet envahissement continuel des gros bras du sud ».
Il n’y aura pas de quoi alarmer les ayatollahs du drapeau, non plus les
fanatiques du modèle québécois. D’ailleurs, ne le sont-ils pas à temps
partiel ou seulement lorsque la situation devient inquiétante ? Pas de grandes
inquiétudes certes, mais ce nationalisme nouvelle formule plaît à bien des
gens et gagne de plus en plus en popularité.
***
Parlant des vaudevilles « nationaleux »,
les Amérindiens n’en démordent pas. Implacables, ces guérilleros du casier
à homards. De Burnt Church à Kanawake retentissent les échos de leur culture.
« L'Indien me parle de ses traditions ancestrales: le Ski Doo, le VTT, les
conserves, le fusil, l'automobile, l'avion, la pizza, l'électricité, le rock
and roll, l'anglais, le bingo... » disait Pierre Bourgault. Sacrée leçon de
préservation de l’identité culturelle ! De plus que, maintenant, ils ont en
main une charte autorisée par le Ministère des affaires autochtones, qui leur
permet d’expulser de la réserve ceux qui ne sont pas amérindiens. Dommage
qu’Howard Galganov ait déménagé en Ontario pour combattre le méchant
conservateur Mike Harris. Lui qui, on le sait, s’est toujours porté à la défense
des victimes des excès et des visions quasi nazies du nationalisme québécois.
C’est drôle mais, lorsque le droit des personnes qui ne sont pas attachées
à l’unité canadienne est bafoué par une communauté qui en jure allégeance,
il n’y a jamais de Super Cour Suprême Man ou de délégation des G.I. d’Alliance
Québec pour crier à l’oppression. Eh bien ! Au fait Monsieur Galganov,
Tourisme Montréal organise, pour les Européens désireux de renouer avec leur
passé colonial, une visite aux abords du pont Mercier. À ce qu’il paraît,
il y aurait une reconstitution exacte de ce qu’était un conseil de guerre
Mohawk. Un feu, deux caisses de bières et un drapeau Warriors. Il ne manquera
plus que les Hells et nous aurions une parfaite mosaïque du Canada 2000.
D’une façon ou de l’autre.
***
Petit slogan pour la campagne électorale du président Milosevic : Avec
Milosevic exaSERBEbons!
Haut de la page
Index - Éditorial