Éditorial, oct. 2000

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I am Canadian, d’une façon ou de l’autre

Par Jonathan-Philippe Desmarais

jodesmarais@hotmail.com

        Il restera, malgré les inlassables vaudevilles constitutionnels, certains héritages nationaux acquis auxquels ni fédéralistes, ni souverainistes ne pourront jamais revendiquer l’originalité. Cette éternelle Minute du patrimoine neutralisée devient tranquillement la planche de salut de cette vision « trudeauiste » du « One Canada, one nation ». Perception partisane sur laquelle la guerre de tranchées Ottawa-Québec avait orienté ses positions stratégiques. Ce nouveau nationalisme se modèle non plus sur la fébrilité patriotique ou sur une pâle copie du « melting pot » américain mais bien sur le sens du partage des acquis culturels qui auront caractérisés le Canada depuis sa fondation. Non sans être voilée par les éternelles subtilités canadiennes, il appelle à une sensibilité commune à laquelle on ne peut attacher aucune prétention. De fait, le Canada restera toujours la première nation de Hockey, le deuxième pays en superficie et le chef d’État sera quand même un Premier ministre et non un président. Ligué derrière Joe, ce nationalisme remodelé prend tranquillement vie. La bande annonce de la Molson Canadian, où Joe se lève contre l’envahissement américain dans la culture canadienne, attise une sympathie commune et force à consentir à ces faits indéniables de notre histoire. Musique, images évocatrices et Joe le bon gars. Aucun message politique, aucune pointe perverse envers le Québec. Message net, émouvant et basé sur des fresques quasi romantiques de notre histoire commune. Voilà ce qu’évoque ce nationalisme au PH neutre : « I am Canadian d’une façon ou d’une autre. En français ou en anglais, on a strictement rien à ectoplasmer, on ne se fera pas de bile. L’important pour toi comme pour moi, c’est de préserver notre culture propre face à cet envahissement continuel des gros bras du sud ». Il n’y aura pas de quoi alarmer les ayatollahs du drapeau, non plus les fanatiques du modèle québécois. D’ailleurs, ne le sont-ils pas à temps partiel ou seulement lorsque la situation devient inquiétante ? Pas de grandes inquiétudes certes, mais ce nationalisme nouvelle formule plaît à bien des gens et gagne de plus en plus en popularité.

***

        Parlant des vaudevilles « nationaleux », les Amérindiens n’en démordent pas. Implacables, ces guérilleros du casier à homards. De Burnt Church à Kanawake retentissent les échos de leur culture. « L'Indien me parle de ses traditions ancestrales: le Ski Doo, le VTT, les conserves, le fusil, l'automobile, l'avion, la pizza, l'électricité, le rock and roll, l'anglais, le bingo... » disait Pierre Bourgault. Sacrée leçon de préservation de l’identité culturelle ! De plus que, maintenant, ils ont en main une charte autorisée par le Ministère des affaires autochtones, qui leur permet d’expulser de la réserve ceux qui ne sont pas amérindiens. Dommage qu’Howard Galganov ait déménagé en Ontario pour combattre le méchant conservateur Mike Harris. Lui qui, on le sait, s’est toujours porté à la défense des victimes des excès et des visions quasi nazies du nationalisme québécois. C’est drôle mais, lorsque le droit des personnes qui ne sont pas attachées à l’unité canadienne est bafoué par une communauté qui en jure allégeance, il n’y a jamais de Super Cour Suprême Man ou de délégation des G.I. d’Alliance Québec pour crier à l’oppression. Eh bien ! Au fait Monsieur Galganov, Tourisme Montréal organise, pour les Européens désireux de renouer avec leur passé colonial, une visite aux abords du pont Mercier. À ce qu’il paraît, il y aurait une reconstitution exacte de ce qu’était un conseil de guerre Mohawk. Un feu, deux caisses de bières et un drapeau Warriors. Il ne manquera plus que les Hells et nous aurions une parfaite mosaïque du Canada 2000. D’une façon ou de l’autre.

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        Petit slogan pour la campagne électorale du président Milosevic : Avec Milosevic exaSERBEbons!

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