Les
pratiques sexuelles particulières
Par
Katherine bourdon
Sexologie,
UQAM
kate_bour31@hotmail.com
À
travers les différentes périodes de l’histoire, les pratiques sexuelles ont
varié selon la mode de l’époque. Par exemple, dans la Grèce antique, les
contacts homosexuels étaient fréquents et encouragés entre les hommes et ce,
même s’ils étaient mariés. Pourtant, dans le Québec des années 50,
l’homosexualité était réprimée et cachée. En fait, le concept de la
sexualité est vaste et comprend un large éventail de pratiques, plus ou moins
populaires selon l’époque, la situation géographique ou selon les goûts
personnels de chacun. Certaines de ces pratiques sont considérées comme étant
déviantes par rapport aux normes sociales, comme par exemple,
l’exhibitionnisme ou la bestialité (contact sexuel avec animaux). Ces dernières
sont considérées comme étant des “ paraphilies ”, c’est-à-dire
des comportements qui sont problématiques et qui sont souvent rattachés à des
troubles quelconques de la personnalité. Ces comportements sont habituellement
plus problématiques et il n’en sera pas question maintenant puisque je
consacrerai un article entier à ce sujet. Aujourd’hui, nous nous pencherons
davantage sur des pratiques sexuelles qui, bien qu’elles soient peu connues ou
qu’on en parle peu, existent et sont appliquées sans être considérées
comme étant néfastes pour les gens qui s’y adonnent. Le but du présent
article n’est pas de convaincre ou d’encourager les gens à adhérer à ces
expressions de la sexualité, mais bien de les informer sur ce qui existe comme
pratiques et de les rassurer dans leur contexte.
La première des pratiques particulières
dont il est question est le sado-masochisme. Ce “ jeu ” en est un
de pouvoir entre une personne dominante, le maître, et une personne dominée,
l’esclave. Au cours de ce “ jeu ”, l’esclave doit exécuter
des ordres donnés par le maître. Ceux-ci
ont pour but de dénigrer ou d’humilier l’esclave. Le maître aime se sentir
dominant dans un contexte sexuel et l’esclave aime se sentir dominé. Par
contre, il est important de comprendre que les deux partenaires sont
parfaitement conscients qu’il s’agit d’un jeu et qu’ils n’agissent
habituellement pas de cette manière dans leur vie de tous les jours. Il est
primordial de différencier le sado-masochisme “ pour jouer ”, qui
est une pratique considérée sans grande conséquence, du sado-masochisme qui
penche vers la paraphilie. En effet, dans cette dernière forme de
sado-masochisme qui est beaucoup plus poussée, des blessures graves ou des
humiliations plus marquantes sont infligées à l’esclave. Ce genre de
sado-masochisme est plus grave et est considéré comme étant déviant
puisqu’il met la santé d’une personne en danger. Le sado-masochisme “ pour
jouer ” se pratique entre deux personnes consentantes et la force utilisée
est différente de celle utilisée au cours d’une agression, par exemple,
puisque la personne est d’accord et qu’elle y trouve même un certain
plaisir. Les pratiques
s’apparentant au sado-masochisme les plus fréquemment utilisées sont se
faire attacher ou attacher son (sa) partenaire ou encore dire des noms ou se
faire dire des noms humiliants ou péjoratifs pendant l’acte sexuel.
Une autre pratique sexuelle dont on n’ose pas parler est le contact
homosexuel ou bisexuel de situation, ou encore d’occasion. C’est-à-dire
qu’une personne hétérosexuelle peut avoir un contact ou une relation avec
une autre personne de même sexe qu’elle, selon une situation, une
circonstance, souvent une opportunité. Cela ne se reproduira pas nécessairement
ou pas souvent et cela ne fait pas de la personne en question une personne
d’orientation homosexuelle. Ce genre de contacts, bien qu’il ne soit pas fréquent,
n’est pas considéré comme étant anormal. Il peut arriver à l’improviste,
sans que les personnes l’aient prémédité ou encore il peut avoir été
planifié. La raison évoquée par les personnes qui ont ce genre de pratique
est la curiosité et le désir de vivre des expériences nouvelles ou différentes.
La
dernière pratique que nous aurons le temps d’aborder est le contact à
plusieurs personnes, souvent appelé “ trips” ou “ orgie ”.
Les gens participant à ce genre “ d’activités ” évoquent eux
aussi la quête d’expériences ou de sensations nouvelles ou le désir de
partage avec plusieurs personnes. Aussi longtemps que toutes les personnes présentes
ou participantes sont consentantes et qu’il n’y a pas d’usage de la force
ou de soumission, les contacts de ce genre ne sont pas considérés comme étant
problématiques.
Il
existe d’autres pratiques de ce genre que nous n’avons malheureusement pas
le temps d’aborder. Toutes ces formes d’expression sexuelle sont utilisées
à plus ou moins grande échelle par toutes les catégories de personnes. Ce
sont des procédés qui, bien que n’étant pas “ communs ”, ne
sont pas considérés comme étant nuisibles pour les gens qui y ont recours.
Par contre, comme dans tout le reste, il faut éviter de tomber dans les extrêmes
et de rendre ces pratiques problématiques. Que vous utilisiez ou non ces
pratiques, il est important de se rappeler et d’être conscient que ce sont
des choix personnels, que personne ne peut vous y forcer et que ce n’est pas
“ bien ” ou “ mal ” de le faire ou de ne pas le
faire. Simplement, il est intéressant
de savoir que ces pratiques existent et de ne pas se sentir anormal ou coupable
d’y avoir recours ou non. C’est le choix de chaque personne et
l’important, c’est de se sentir à l’aise avec ses choix et ses pratiques.
Dans
le prochain numéro du Sablier, je ferai un survol de l’histoire de
l’humanité dans une perspective sexologique. Nous verrons les différents
courants et les tendances dans la sexualité à travers les différentes périodes
de l’histoire. Sur ce, je vous souhaite une bonne année 2001 et une bonne
session d’hiver. Faites-moi part de vos commentaires ou questions.
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