Éditorial, janv. 2001

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Le P.Q. ou l’euphémisme de la Souveraineté

 

Par Jonathan-Philippe Desmarais

jodesmarais@hotmail.com

        Le patriotisme, selon Oscar Wilde, est l’arme des faibles. Et le Premier Ministre du Québec tend à le démontrer chaque jour. D’abord, en entretenant un gouvernement passéiste, sans grandes vues d’avenir, caché derrière les chaises du pouvoir. Ensuite, en jouant le tisserand d’une souveraineté gériatrique. Pensée régie par des acteurs dépassés, totalement déconnectés de la réalité présente. Comment peut-on rajeunir l’option souverainiste quand ses grands-pères la représentent sous une forme identique ? Comment peut-on faire avancer la cause lorsque l’on confie son remodelage à ceux qui ont mené à sa perte en 1995 ? Comment expliquer le fait que Jacques Parizeau soit encore l’un des principaux ergoteurs du débat ? Comment expliquer que les États Généraux sur la langue soient présidés par Gérald Larose ? Pourquoi autant de Guy Chevrette ? Existe-t-il d’autres penseurs ? Ou le parti est incapable d’assurer la relève idéologique des militants de la première heure. À quoi sert-il d’avoir une aile jeunesse si on est incapable de lui donner un coin de la scène !

        Le PQ de Lucien Bouchard ressemble à une coopérative industrielle russe au plus fort du communisme. Tout est croche, bureaucratisé, relayé à des subalternes déconnectés des besoins actuels. À voir le PQ naviguer à travers les crises politiques, on peut comprendre à quel point il doit s’ennuyer de l’opposition. Statut politique dont Lucien Bouchard s’était fait le roi. Petit roi, bien adroit à crier à l’injustice et à l’indignation. Bouchard savait, comme bien d’autres au moment de la formation du Bloc québécois, qu’il se retrouverait dans une position de force au sein de l’opposition fédérale. Arguer sur un débat auquel on n'assume aucune conséquence directe. On peut faire croire ce que l’on veut dans cette position, ce n’est que des mots. Pour attiser les esprits, il n’y a rien de mieux. Il n’y a qu’à regarder Jean Charest, ce petit roquet qui aboie aux multiples coupures de journaux. L’opposition est la meilleure place pour les politiciens faibles.

        On aura ri ces derniers temps des Jean Chrétien de ce monde. On pourra le vilipender de tous les torts : Stéphane Dion et sa loi sur la clarté, ses bourdes au Moyen Orient, les multiples scandales financiers. Mais n’empêche qu’il a un troisième gouvernement majoritaire de suite en main et le Québec, qui est loin de se séparer, réaffirme son allégeance au fédéralisme. Quel triste sort ! Il est peut-être le « King » du PLC pour tous les Elvis Gratton du Canada, mais il n’a rien d’un héros, ni d’un modèle. Mais il tient le pouvoir, il tient « son » Canada. Lucien Bouchard tient-il son « Québec » ? L’affaire Michaud n’aura pas permis de nous en convaincre. Un simple pamphlet dans la triste déconfiture qu’essuie jour après jour le PQ, qui illustre à quel point le Québec idéologique se meurt par la faute de ses faux représentants de la social-démocratie. Pour ne pas sombrer dans l’oubli, il faudra saborder les pantouflards qui se cachent derrière ce timide châtiment des abnégations d’Ottawa. Dommage messieurs les ministres du Parti québécois, dommage messieurs les députés du Bloc québécois, dommage de manquer le rendez-vous avec ceux qui rêvent encore de voir un Centre Paul-Sauvé ou un Forum survolté à l’idée d’un pays prochain. Faudra-t-il encore pleurer sur le fleurdelisé ? Serait-ce parce que le pouvoir est plus important que l’idéologie ? Rappelez-vous aussi qu'une idéologie n’est ni monétaire ni ethnique, elle n’est que le reflet de ceux qui la professe. La souveraineté ne passera plus par vous si on en croit votre silence. Vous étiez jadis si enflammés dans vos assemblées plénières, vous vous êtes résignés à devenir l’euphémisme d’un projet de société.

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