Le
P.Q. ou l’euphémisme de la Souveraineté
Par Jonathan-Philippe Desmarais
jodesmarais@hotmail.com
Le
patriotisme, selon Oscar Wilde, est l’arme des faibles. Et le Premier Ministre
du Québec tend à le démontrer chaque jour. D’abord, en entretenant un
gouvernement passéiste, sans grandes vues d’avenir, caché derrière les
chaises du pouvoir. Ensuite, en jouant le tisserand d’une souveraineté gériatrique.
Pensée régie par des acteurs dépassés, totalement déconnectés de la réalité
présente. Comment peut-on rajeunir l’option souverainiste quand ses grands-pères
la représentent sous une forme identique ? Comment peut-on faire avancer la
cause lorsque l’on confie son remodelage à ceux qui ont mené à sa perte en
1995 ? Comment expliquer le fait que Jacques Parizeau soit encore l’un
des principaux ergoteurs du débat ? Comment expliquer que les États Généraux
sur la langue soient présidés par Gérald Larose ? Pourquoi autant de Guy
Chevrette ? Existe-t-il d’autres penseurs ? Ou le parti est incapable
d’assurer la relève idéologique des militants de la première heure. À quoi
sert-il d’avoir une aile jeunesse si on est incapable de lui donner un coin de
la scène !
Le
PQ de Lucien Bouchard ressemble à une coopérative industrielle russe au plus
fort du communisme. Tout est croche, bureaucratisé, relayé à des subalternes
déconnectés des besoins actuels. À voir le PQ naviguer à travers les crises
politiques, on peut comprendre à quel point il doit s’ennuyer de
l’opposition. Statut politique dont Lucien Bouchard s’était fait le roi.
Petit roi, bien adroit à crier à l’injustice et à l’indignation. Bouchard
savait, comme bien d’autres au moment de la formation du Bloc québécois,
qu’il se retrouverait dans une position de force au sein de l’opposition fédérale.
Arguer sur un débat auquel on n'assume aucune conséquence directe. On peut
faire croire ce que l’on veut dans cette position, ce n’est que des mots.
Pour attiser les esprits, il n’y a rien de mieux. Il n’y a qu’à regarder
Jean Charest, ce petit roquet qui aboie aux multiples coupures de journaux.
L’opposition est la meilleure place pour les politiciens faibles.
On
aura ri ces derniers temps des Jean Chrétien de ce monde. On pourra le
vilipender de tous les torts : Stéphane Dion et sa loi sur la clarté, ses
bourdes au Moyen Orient, les multiples scandales financiers. Mais n’empêche
qu’il a un troisième gouvernement majoritaire de suite en main et le Québec,
qui est loin de se séparer, réaffirme son allégeance au fédéralisme. Quel
triste sort ! Il est peut-être le « King » du PLC pour tous les Elvis
Gratton du Canada, mais il n’a rien d’un héros, ni d’un modèle. Mais il
tient le pouvoir, il tient « son » Canada. Lucien Bouchard tient-il son « Québec
» ? L’affaire Michaud n’aura pas permis de nous en convaincre. Un simple
pamphlet dans la triste déconfiture qu’essuie jour après jour le PQ, qui
illustre à quel point le Québec idéologique se meurt par la faute de ses faux
représentants de la social-démocratie. Pour ne pas sombrer dans l’oubli, il
faudra saborder les pantouflards qui se cachent derrière ce timide châtiment
des abnégations d’Ottawa. Dommage messieurs les ministres du Parti québécois,
dommage messieurs les députés du Bloc québécois, dommage de manquer le
rendez-vous avec ceux qui rêvent encore de voir un Centre Paul-Sauvé ou un
Forum survolté à l’idée d’un pays prochain. Faudra-t-il encore pleurer
sur le fleurdelisé ? Serait-ce parce que le pouvoir est plus important que
l’idéologie ? Rappelez-vous aussi qu'une idéologie n’est ni monétaire
ni ethnique, elle n’est que le reflet de ceux qui la professe. La souveraineté
ne passera plus par vous si on en croit votre silence. Vous étiez jadis si
enflammés dans vos assemblées plénières, vous vous êtes résignés à
devenir l’euphémisme d’un projet de société.
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