DES AGRESSIONS À L’UNIVERSITÉ
Par Katherine Bourdon,
sexologie UQAM
Kate_bour31@hotmail.com
Au cours de plusieurs périodes de l’histoire, l’agression sexuelle,
sous toutes ses formes, avait une importance très moyenne.
Dans certaines civilisations, elle n’en avait tout simplement pas tant
elle était monnaie courante. Rien
qu’au Québec, avant la réforme de la loi sur les agressions sexuelles, il était
très difficile pour une victime de porter plainte et encore plus de gagner un
procès contre un agresseur sexuel. Par
exemple, le juge devait vérifier le passé sexuel de la victime et si elle
avait eu quelques aventures douteuses ou déplacées, son témoignage perdait de
la valeur. Heureusement, les temps ont changé. Les victimes sont prises plus au sérieux et les plaintes prises de
moins en moins à la légère.
En cette deuxième participation
au Sablier, je vais vous entretenir sur les différentes formes d’agressions
de nature sexuelle qui peuvent se produire dans un cadre universitaire et nous
allons voir ensemble qui peuvent être les personnes qui commettent ces actes
d’agression.
En premier lieu, l’exhibitionnisme est une des agressions susceptible
de se passer dans une université, comme dans tout autre lieu public.
Cet acte consiste à exposer de façon délibérée, sans être
sous l’influence de quelconque substance, ses organes génitaux à une
ou des personnes qui ne sont pas d’accord, dans des situations et lieux
inopportuns (Lévesque). La plupart du
temps, la personne qui fait montre de son corps de la sorte est un homme qui a
des problèmes quant à sa masculinité. Il
cherche de cette façon à se rassurer dans sa masculinité.
Ce n’est pas le fait de se montrer comme tel qui l’excite.
C’est la réaction de la personne qui le voit. Il peut souvent s’imaginer que cette personne a aimé cela et
qu’elle a été impressionnée par ce qu’elle a vu, même si cela n’en est
rien. C’est pour cette raison que
la victime sera souvent une fille, mais peut être aussi un homme.
Dans la plupart des cas, l’exhibitionniste s’arrête à l’acte
d’exhibition et il est très rare qu’il aille plus loin.
Il ne faut toutefois pas négliger cette situation et rapporter toute présence
d’un exhibitionniste à l’administration de l’université ou à la sécurité.
Un autre type d’agresseur susceptible de sévir dans les milieux
populeux est le frotteuriste. Le
frotteuriste est une personne qui profite du fait que plusieurs personnes soient
coincées les unes sur les autres pour toucher, caresser, se frotter, se
masturber sur les gens. Comme dans le cas
de l’exhibitionniste, le frotteuriste prend son plaisir dans la réaction de
la victime. Il se peut que la victime ne
se rende pas vraiment compte que quelqu’un la touche tant les gens sont collés
les uns sur les autres. Il se peut aussi
que la victime, par crainte de la réaction des autres ou dans un état de
surprise, ne dise rien et parte. Dans
d’autres cas, la victime peut crier et dénoncer publiquement son agresseur,
en le pointant par exemple. Dans ce cas
également, le frotteuriste peut recevoir de l’aide et personne n’a à tolérer
le fait d’être touché ou caressé par un étranger.
Plus sérieux, les agresseurs sexuels qui commettent des viols sont
rares. Par contre, ils peuvent sévir
n’importe où et c’est la raison pour laquelle je prends le temps d’en
discuter. Si on se penche sur les caractéristiques
d’un agresseur sexuel type, on se rend compte qu’il s’agit souvent d’un
homme, en moyenne âgé de 25 ans. Cet
homme a une charge importante d’hostilité envers les femmes. Un peu plus que le tiers des agresseurs ont une partenaire de vie
stable. Toutefois, la majorité a des difficultés à établir une relation
intime. La majorité des agresseurs
s’attaque à des femmes qu’ils connaissent et n’ont pas l’intention de
blesser physiquement leur victime. Dans
ses agressions, le violeur ne recherche pas le plaisir sexuel, il recherche le
pouvoir. L’élément déclencheur
d’une agression est souvent un malheur ou une dispute dans la vie de
l’agresseur, par exemple une perte d’emploi ou une rupture amoureuse. L’agresseur veut alors se venger et saisit une opportunité.
Évidemment, dans son agression, le violeur
recherche un pouvoir, une certitude qu’il est un homme, il veut se
venger contre les femmes qui l’ont fait souffrir ou l’ont humilié.
Dans sa tête, ce n’est pas à la victime personnellement qu’il
s’en prend. Elle n’est pour lui
qu’un accessoire (source : Notes de cours, Claude Crépault). Si, par malchance, une personne est victime de viol, il est
conseillé d’en aviser l’administration de l’établissement.
Si la victime décide de porter plainte à la police, il est préférable
que l’établissement soit au courant de la situation pour faciliter les
interventions judiciaires et les procédures. Aussi,
le service de psychologie peut orienter et référer la victime vers les
ressources appropriées pour du soutien psychologique.
Une sorte d’agression, moins extrême celle-là, mais qui est plus
susceptible de sévir dans un cadre universitaire, est le harcèlement sexuel.
Celui-ci peut être commis par un étudiant, par un professeur ou par un
membre de l’administration de l’Université.
Le harcèlement se caractérise par des commentaires, des suggestions,
des gestes ou des avances répétés, non voulus de la part de la victime.
Le harceleur peut se faire insistant malgré les avertissements de la
victime. Le harcèlement, qui pour
certaines personnes peut sembler anodin, peut s’avérer une source de tension
importante pour la victime, pouvant aller jusqu’à la dépression.
Il existe dans plusieurs universités un comité ou un bureau contrant le
harcèlement sexuel. N’hésitez pas à
en faire appel, ils sont là pour ça. De
plus, la plupart des comités de la sorte traitent les dossiers avec
confidentialité et mettent sur pieds des ressources et des mesures visant à
accroître la sécurité de la victime si elle craint une quelconque menace.
Même si la présence d’agresseurs peut être réelle dans une
université, au même titre qu’elle peut l’être dans tous les autres lieux
publics, il n’y a pas lieu de prendre panique.
Les agresseurs sévères, comme les violeurs, sont assez rares et les
types d’agresseurs comme les frotteuristes et les exhibitionnistes, bien que
très désagréables, sont en général peu dangereux.
Toutefois, en prenant conscience de l’existence du phénomène et en
gardant l’œil ouvert, sans toutefois développer une méfiance excessive, on
diminue de beaucoup les risques d’être victime d’une agression.
Je
n’ai hélas reçu aucune question par e-mail depuis la dernière parution.
Notez que les questions reçues seront traitées de manière
confidentielle et que les noms n’apparaîtront nulle part.
Je vous encourage donc à me donner vos commentaires ou à me faire part
de vos interrogations. Je peux aussi y répondre
personnellement par le biais de l’internet. Dans
le prochain numéro du Sablier, je vous parle des pratiques sexuelles dites
« particulières » telles que le fétichisme, le sado-masochisme et
quelques autres. Bonne mi-session !
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