Sexualité, déc. 2000

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                                                             DES AGRESSIONS À L’UNIVERSITÉ 

                                          

Par Katherine Bourdon,
sexologie UQAM

Kate_bour31@hotmail.com

        Au cours de plusieurs périodes de l’histoire, l’agression sexuelle, sous toutes ses formes, avait une importance très moyenne. Dans certaines civilisations, elle n’en avait tout simplement pas tant elle était monnaie courante.  Rien qu’au Québec, avant la réforme de la loi sur les agressions sexuelles, il était très difficile pour une victime de porter plainte et encore plus de gagner un procès contre un agresseur sexuel. Par exemple, le juge devait vérifier le passé sexuel de la victime et si elle avait eu quelques aventures douteuses ou déplacées, son témoignage perdait de la valeur. Heureusement, les temps ont changé. Les victimes sont prises plus au sérieux et les plaintes prises de moins en moins à la légère.

        En cette deuxième participation au Sablier, je vais vous entretenir sur les différentes formes d’agressions de nature sexuelle qui peuvent se produire dans un cadre universitaire et nous allons voir ensemble qui peuvent être les personnes qui commettent ces actes d’agression.

        En premier lieu, l’exhibitionnisme est une des agressions susceptible de se passer dans une université, comme dans tout autre lieu public.  Cet acte consiste à exposer de façon délibérée, sans être  sous l’influence de quelconque substance, ses organes génitaux à une ou des personnes qui ne sont pas d’accord, dans des situations et lieux inopportuns (Lévesque). La plupart du temps, la personne qui fait montre de son corps de la sorte est un homme qui a des problèmes quant à sa masculinité. Il cherche de cette façon à se rassurer dans sa masculinité.  Ce n’est pas le fait de se montrer comme tel qui l’excite. C’est la réaction de la personne qui le voit. Il peut souvent s’imaginer que cette personne a aimé cela et qu’elle a été impressionnée par ce qu’elle a vu, même si cela n’en est rien.  C’est pour cette raison que la victime sera souvent une fille, mais peut être aussi un homme.  Dans la plupart des cas, l’exhibitionniste s’arrête à l’acte d’exhibition et il est très rare qu’il aille plus loin. Il ne faut toutefois pas négliger cette situation et rapporter toute présence d’un exhibitionniste à l’administration de l’université ou à la sécurité.

        Un autre type d’agresseur susceptible de sévir dans les milieux populeux est le frotteuriste. Le frotteuriste est une personne qui profite du fait que plusieurs personnes soient coincées les unes sur les autres pour toucher, caresser, se frotter, se masturber sur les gens. Comme dans le cas de l’exhibitionniste, le frotteuriste prend son plaisir dans la réaction de la victime. Il se peut que la victime ne se rende pas vraiment compte que quelqu’un la touche tant les gens sont collés les uns sur les autres. Il se peut aussi que la victime, par crainte de la réaction des autres ou dans un état de surprise, ne dise rien et parte. Dans d’autres cas, la victime peut crier et dénoncer publiquement son agresseur, en le pointant par exemple. Dans ce cas également, le frotteuriste peut recevoir de l’aide et personne n’a à tolérer le fait d’être touché ou caressé par un étranger. 

        Plus sérieux, les agresseurs sexuels qui commettent des viols sont rares.  Par contre, ils peuvent sévir n’importe où et c’est la raison pour laquelle je prends le temps d’en discuter. Si on se penche sur les caractéristiques d’un agresseur sexuel type, on se rend compte qu’il s’agit souvent d’un homme, en moyenne âgé de 25 ans. Cet homme a une charge importante d’hostilité envers les femmes. Un peu plus que le tiers des agresseurs ont une partenaire de vie stable. Toutefois, la majorité a des difficultés à établir une relation intime. La majorité des agresseurs s’attaque à des femmes qu’ils connaissent et n’ont pas l’intention de blesser physiquement leur victime. Dans ses agressions, le violeur ne recherche pas le plaisir sexuel, il recherche le pouvoir. L’élément déclencheur d’une agression est souvent un malheur ou une dispute dans la vie de l’agresseur, par exemple une perte d’emploi ou une rupture amoureuse. L’agresseur veut alors se venger et saisit une opportunité. Évidemment, dans son agression, le violeur  recherche un pouvoir, une certitude qu’il est un homme, il veut se venger contre les femmes qui l’ont fait souffrir ou l’ont humilié. Dans sa tête, ce n’est pas à la victime personnellement qu’il s’en prend. Elle n’est pour lui qu’un accessoire (source : Notes de cours, Claude Crépault). Si, par malchance, une personne est victime de viol, il est conseillé d’en aviser l’administration de l’établissement. Si la victime décide de porter plainte à la police, il est préférable que l’établissement soit au courant de la situation pour faciliter les interventions judiciaires et les procédures. Aussi, le service de psychologie peut orienter et référer la victime vers les ressources appropriées pour du soutien psychologique.

        Une sorte d’agression, moins extrême celle-là, mais qui est plus susceptible de sévir dans un cadre universitaire, est le harcèlement sexuel. Celui-ci peut être commis par un étudiant, par un professeur ou par un membre de l’administration de l’Université. Le harcèlement se caractérise par des commentaires, des suggestions, des gestes ou des avances répétés, non voulus de la part de la victime. Le harceleur peut se faire insistant malgré les avertissements de la victime. Le harcèlement, qui pour certaines personnes peut sembler anodin, peut s’avérer une source de tension importante pour la victime, pouvant aller jusqu’à la dépression. Il existe dans plusieurs universités un comité ou un bureau contrant le harcèlement sexuel. N’hésitez pas à en faire appel, ils sont là pour ça. De plus, la plupart des comités de la sorte traitent les dossiers avec confidentialité et mettent sur pieds des ressources et des mesures visant à accroître la sécurité de la victime si elle craint une quelconque menace.

        Même si la présence d’agresseurs peut être réelle dans une université, au même titre qu’elle peut l’être dans tous les autres lieux publics, il n’y a pas lieu de prendre panique. Les agresseurs sévères, comme les violeurs, sont assez rares et les types d’agresseurs comme les frotteuristes et les exhibitionnistes, bien que très désagréables, sont en général peu dangereux. Toutefois, en prenant conscience de l’existence du phénomène et en gardant l’œil ouvert, sans toutefois développer une méfiance excessive, on diminue de beaucoup les risques d’être victime d’une agression.

        Je n’ai hélas reçu aucune question par e-mail depuis la dernière parution. Notez que les questions reçues seront traitées de manière confidentielle et que les noms n’apparaîtront nulle part. Je vous encourage donc à me donner vos commentaires ou à me faire part de vos interrogations. Je peux aussi y répondre personnellement par le biais de l’internet. Dans le prochain numéro du Sablier, je vous parle des pratiques sexuelles dites « particulières » telles que le fétichisme, le sado-masochisme et quelques autres. Bonne mi-session !

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