Plus ça
change, plus c’est pareil
Par Simon
Fournier
doubadabaya@hotmail.com
Ce n’est même plus caché: de nos jours, la
politique n’est qu’une question d’image. En écoutant
les spécialistes se prononcer publiquement sur le débat du 6 novembre dernier,
le commentaire qui ressortait le plus souvent était celui voulant qu’aucun
chef n’ait gagné le débat parce qu'aucun d’eux n’avait réussi à placer
de bons “one liner” punchés, aucun d’eux n’avait fait le parfait
“sound bite” pour être repris abondamment dans les nouvelles du lendemain.
D’aucuns croyaient que le débat avait été nul, car personne n’apportait
d’idées nouvelles et intéressantes, mais ceci ne passe qu’en second. De
toute façon, il faut éviter dans ces rencontres d’apporter du nouveau, car
ce serait trop long à expliquer et le peuple ne peut soutenir l’effort de réflexion
que demande l’apport d’idées novatrices.
La population n’a
plus confiance en ses politiciens. L’opinion publique n’est pas tendre
envers nos dirigeants qui semblent complètement détachés de la réalité.
Tout le monde sait qu’ils mentent comme ils respirent, qu’ils n’ont pas
les moyens de réaliser toutes leurs promesses et pourtant, tous espèrent que
cette fois-ci sera la bonne. Le politicien qui est élu est toujours celui qui
en mettra le plus sur la table, même si on sait que cela implique que c’est
lui le plus menteur. Ils le savent et nous le savons. Ce qui donne lieu à une
espèce de jeu ridicule où les dirigeants promettent n’importe quoi (en
sachant très bien qu’ils ne pourront tenir leurs promesses) à une population
qui sait que c’est de la foutaise, mais qui va tout de même voter pour celui
qui promet d’ouvrir les caisses. Mais c’est pas grave, ça pourrait être
bien pire. On vit en démocratie, le “plus merveilleux” système au monde
qui permet à tous de s’exprimer, où les choses peuvent changer.
Et bien non.
Pardonnez-moi mon pessimisme, mais les choses ne changerons pas. Pourquoi le devraient-elles? Le gouvernement,
depuis les sept dernières années, a coupé dans tous les programmes fédéraux.
Des fonds destinés à l’éducation jusqu’à l’assurance chômage en
passant par la santé, l’environnement, l’assistance aux plus démunis, tous
les secteurs y ont goûté. Et
pourquoi? Pour être en mesure de diminuer les impôts sur les gains en capitaux
qui ne profitent qu’aux plus riches, pour diminuer la dette du pays en puisant
directement dans les poches des travailleurs via les cotisations d’assurance
chômage que le gouvernement refuse de retourner à ceux qui en ont besoin
(comme les travailleurs saisonniers victimes d’un chômage récurrent dont les
prestations ne font que diminuer à mesure qu’ils en demandent pour pouvoir
nourrir leurs enfants quand les temps sont plus durs ou bien non-propices à
l’industrie à laquelle ils appartiennent (pêche, agriculture, etc.) pour
finalement déverser en subventions illégales et en patronage des millions et
des millions de dollars aux amis de Jean Chrétien et du parti Libéral, spécialement
dans le comté du Premier ministre (Saint-Maurice) où les millions coulent à
flot depuis que le très honorable a failli perdre ses élections en 1997. Et
pourtant, malgré toute la misère que ces coupures ont créée, malgré tous
les scandales et irrégularités que son administration et son comportement ont
soulevés, il suffit à M. Chrétien de faire un petit budget bonbon et de
reconnaître, pendant les élections, qu’il a parfois été “pas fin” ces
quatre dernières années pour que le peuple le renvoie sur le train d’Ottawa.
Sa recette pour garder le pouvoir est simple: faites ce que vous voulez, ignorez
tout le monde, donnez beaucoup d’argent à vos amis et jetez de la poudre aux
yeux des électeurs juste avant de lancer la campagne. Une simple promesse de
baisses d’impôts, par exemple, est le meilleur coup qu’un Premier ministre
puisse faire avant les élections, car cette mesure permet de faire d’une
pierre deux coups: elle satisfait le peuple (qui ne comprend pas ce que cela
implique) et les riches qui profitent le plus de ces baisses.
Je m’explique: une
baisse d’impôts signifie (et c’est cette partie que le peuple ne semble pas
comprendre) moins d’argent annuellement dans les coffres de l’État qui ne
peut donc réinvestir dans l’éducation, la santé et les programmes sociaux.
Le gouvernement ne peut pas investir plus s'il a moins, il me semble que c’est
logique. Ces manques d’investissements créent par la suite l’apparition de
toutes sortes de taxes (comme les frais champignons au Cégep, l’obligation de
payer l’analyse de ceci, la piqûre de cela à l’hôpital, etc.) et
l’augmentation de frais de toutes sortes, de quoi il résulte une augmentation
du coût de la vie de beaucoup supérieure à la petite baisse d’impôts. Ce
qui fait qu’au bout du compte, on assiste à une baisse du niveau de vie
puisque l’argent obtenu par la baisse d’impôts est plus que totalement réinvesti
dans le paiement pour des services de toutes sortes, autrefois gratuits. Et ce,
non seulement en ce qui concerne les services gouvernementaux fédéraux, mais
aussi en ce qui concerne les services provinciaux et municipaux sur qui se répercute
également le manque d’argent compte tenu de la baisse des transferts.
Cette parenthèse
sur les impôts m’a fait dévier de mon sujet, mais cette incompréhension me
fait tellement sortir de mes gonds que je voulais régler cette question une
fois pour toutes. Alors vous le savez maintenant, ne me parlez pas de baisses
d’impôts. Pour en revenir à Jean Chrétien, je dirais simplement pour
conclure qu’il a su élever l’amnésie collective au rang de système
politique qui lui permettra de régner (grâce à l’inviolable ligne de parti
Libéral qui, en passant, dénature totalement les fondements de la démocratie)
sur le Canada tant qu’il le voudra. Maintenant
que l’on comprend que les politiciens peuvent faire ce qu’ils veulent quand
ils détiennent les cordons de la bourse et qu’ils savent bien profiter de la
très courte mémoire de la population, comment, puisqu’on sait qu’ils
abusent du peuple et du système, peuvent-ils rester impunis face à de tels
comportements? La réponse dans un prochain article.
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