Entrevues, déc. 2000

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« Nous vaincrons…»

Une entrevue avec Pierre Falardeau

 

Par Bryan Pettiford, avec la collaboration spéciale de Jonathan Meilleur

        Le 5 octobre dernier, une équipe du Sablier a eu le privilège de rencontrer le cinéaste indépendantiste, Pierre Falardeau.  Le moment tombait bien puisqu’il s’agissait du trentième anniversaire du début de la crise d’Octobre.  Or, dans une rencontre très amicale, nous avons cherché à connaître l’homme qu’est Pierre Falardeau, au-delà de l’image publique que nous en connaissons tout en abordant des sujets qui nous semblaient pertinents et d’actualité.  Voici donc, en version quasi intégrale, le compte-rendu d’une entrevue avec celui qui se veut un chantre de la cause souverainiste et qui, malgré 40 ans de lutte, continue de clamer : « Nous vaincrons… ».

 

Le Sablier - Le nouveau film que vous sortirez en février prochain a connu beaucoup de problèmes de financement, particulièrement en ce qui concerne les subsides provenant des organismes fédéraux, dont Téléfilm Canada.  Dans quelle mesure croyez-vous que l’État, par ses politiques de financement, exerce un contrôle de l’appareil idéologique ?

Pierre Falardeau - « Moi, je pourrais dire que je pense que oui… Moi, c’est pas juste je pense… C’est pas parce que j’ai l’esprit tordu… Mais, les États, quels qu’ils soient, qu’ils soient capitalistes, communistes ou islamistes, féministes, fédéralistes, savent que les outils de communication, c’est des outils puissants, donc ils les contrôlent. C’est pour ça qu’il y a le CRTC. Les organismes fédéraux ne sont pas là pour rien, ils sont là pour aider les gens, mais sont là aussi pour contrôler ce qui se passe. C’est eux autres qui donnent l’argent. Donc, les artistes qui vont là ont intérêt à marcher droit puis à penser droit, sinon tu travailles pas. Si tu veux travailler à SRC, faut que tu marches droit. Il te donne un manuel et il faut que tu le lises ?Non, il te donne pas de manuel, t’as pas de besoin de manuel, le monde le sait. Tout est bas, les gens qui engagent d’abord ils engagent des gens qui sont «safe», pas dangereux, qui pensent comme eux-autres. Pis tout le monde le sait, si tu fais des films, si tu commences à l’ONF et admettons que bêtement tu dises : je voudrais faire un film sur la crise d’Octobre, ils vont dire : c’est pas très intéressant. Ou tu te dis : je veux faire un film sur la Conquête. Ils diront : ah! ça déjà été fait, on n’a pas besoin de ça. Tu t’aperçois qu’il y a plein de sujets que tu ne peux pas traiter parce que tout le monde a peur dans tout l’appareil : les producteurs ont peur, les réalisateurs ont peur, les secrétaires ont peur, le boss a peur, tout le monde a peur… L’État contrôle un certain nombre d’appareils… C’est bizarre que l’on dise que le Canada soit un pays libre mais que ça en vienne à cela malgré toutMais c’est des conneries, il ne faut pas croire tout ce que l’on dit… »

« SRC par exemple, ça été une boîte fédérale, une boîte du gouvernement fédéral. Mais pendant des années, il y a plein de monde qui ont travaillé là qui ne sont pas des imbéciles, qui sont des Québécois qui essaient de faire quelque chose. Dans les années 1970, quand Trudeau a dit : « bon là c’est fini les folies à SRC », SRC était vue comme une boîte de séparatistes parce que c’était des intellectuels québécois qui allaient travailler là, ils étaient tous indépendantistes. Ils ont dit : là tabarnak ça fait. Alors, ils nomment au Point, comme rédacteur en chef, un gars qui s’appelait Thibeault qui venait directement de son bureau [de Trudeau]. Alors on se dit : ça va parler de quoi le Point ? Si tu sors l’organigramme de SRC, c’est qui le boss des nouvelles ? C’est qui le boss du Point ? Puis là tu regardes et tu te dis : ah! l’ancien candidat libéral de Machin, ah! le «chum» du candidat libéral, ah! lui était au bureau de Pierre Elliot Trudeau avant. Là, au Point c’est le fils de Gérard Pelletier qui est là, alors de quoi ça va te parler le Point ? Ça va parler de rien… »

« Des fois je pourrais être jaloux, mais c’est pas de la jalousie. Tu te dis qu’à tous les mois il y a un «’tit clin» qui sort un film : Hochelaga, Machin et tout ça. Ils l’interviewent : oui monsieur votre film… Je dis : moi, vous m’avez jamais invité quand j’ai fait Octobre, quand j’ai fait Gratton vous m’avez pas invité, quand je vais faire les Patriotes vous n’allez pas m’inviter. Ils le savent aussi parce que je ch… sur eux-autres… »

« Une affaire comme le Conseil des Arts du Canada, ça contrôle toute la pensée. Ça donne des bourses à des professeurs, à des gens qui font de la recherche universitaire. Les professeurs savent donc quoi chercher puis quoi ne pas chercher… »

« Vous cherchez sur tout, sauf sur ce que vous  devriez chercher… Je vais te donner des exemples dans d’autres sociétés : moi j’suis un anthropologue, dans ma jeunesse on m’envoie travailler en Martinique. La Martinique est une colonie française déguisée en département :  la majorité noire, des descendants d’esclaves, encore «runné» par des Blancs français. Tu regardes les travaux de recherche des anthropologues qui sont allés là : ils ont étudié les proverbes martiniquais, la poterie, la pêche, le tissage. Il y a mille études, pis tabarnak, il y a une sur le racisme. Mais tu te dis ici, c’est l’affaire fondamentale : l’exploitation…y’a pas un tabarnak qui a travaillé là-dessus, ma gang de câlisse !… »

« Puis ce qui n’est pas contrôlé directement par l’État, c’est contrôlé par ceux qui possèdent l’État… »

« La Loi des mesures de guerre, la même loi qui était utilisée ici et contre les militants de l’ANC en Afrique du Sud, c’est la même loi. Pourquoi ? C’est les mêmes crottés qu’ici, c’est les Britanniques. Ils nous fourrent icitte comme ils ont fourré les Africains, comme y ont fourré les Asiatiques. Des fois les Québécois ont l’impression d’être tout seul sur la terre… On a été colonisé par les Anglais, ils ont fait la même chose qu’y ont fait en Palestine, aux Indes, au Kenya, c’est les mêmes… ».

« Le rôle de l’intellectuel dans son propre peuple c’est d’essayer d’amener au monde ce qu’on leur cache… »

Pourquoi avoir choisi le Chevalier De Lorimier comme plaque tournante de votre  film 15 FÉVRIER 1839? En quoi est-il plus représentatif que d’autres Patriotes?

« Il n’est pas plus représentatif… moi je fais des films au Québec, donc on est un pays pauvre. Quand tu fais une vue y’a pas beaucoup d’argent. Donc, tu vas faire un film à deux ou trois millions. Si j’avais fait un film à cent millions, j’aurais fait les batailles, j’aurais fait autre chose. Là, tu fais un film pas d’argent, comment j’peux aborder ça sans que cela coûte cher : je vais essayer de raconter les Patriotes en passant par l’histoire du dernier 24 heures d’un gars qui va être pendu. C’est le biais par lequel t’es obligé d’aborder ça. Michel Brault a fait son film sur les Patriotes; il a fait ce que je ne voulais pas faire. Il s’est dit : on va montrer les batailles, mais comme t’as pas d’argent, au lieu de montrer dix mille gars au camp Baker à Ste-Martine, tu fais un film où il y a trois Patriotes avec des «tits guns», «des tites» balles, pis là en face, il y a deux Anglais, peut-être quatre. Donc, t’essaies de faire semblant, ça fait un film où on a l’air des «tits clins». Les Québécois font des «tites» affaires, une escarmouche où ils en ont tué juste 300…»

« Il y a eu 10 000 morts, mais il faut que tu trouves une façon  pas cher de faire ça… T’essaies de transmettre le plus d’informations que tu peux sur ce qu’était la révolte des Patriotes. Mon film ne solutionne pas tous les problèmes…»

« C’est ce qui est intéressant avec le cinéma ou l’art : tu frappes le spectateur. C’est ça mon but des fois, frapper le monde pour les ébranler pis après tu leur dis : Il y a des livres à la  bibliothèque, lisez… Le but de mon film c’est d’abord de toucher le monde... De les réveiller, que les jeunes et les vieux fassent du chemin par après. Le film peut pas faire toute la «job»… C’est ma petite contribution d’intellectuel québécois à la vie des idées dans ce pays. La vie des idées ici influence la vie des idées du reste de l’humanité. Quand je fais un film sur des patriotes ici, c’est un film universel parce qu’ailleurs aussi il y a du monde qui sont morts pour la liberté…»

Certains établissements scolaires, dont l’UdeM, ont signé des contrats d’exclusivité avec des entreprises. Dans quel but croyez-vous que les entreprises  bombardent les étudiants d’autant de publicités?

« Parce qu’ils sont de grands philanthropes, c’est pour aider les jeunes à s’éduquer, parce qu‘ils aiment beaucoup la jeunesse. Ils veulent absolument vous encourager à devenir des citoyens exemplaires. Je regarde l’«hostie» de publicité de l’UdeM de mon cul avec Mulroney, avec toute la saloperie. J’ai étudié là,  ils n’auront pas 5 cents! Comment ça une place de haut savoir est capable de se brancher sur l’industrie? Déjà que ce n’est pas fort ce que vous étudiez, mais ça va être l’histoire de Wal-Mart, l’histoire de Bombardier. Déjà, l’Université vit des compagnies publicitaires, elle vit et enseigne ce que la «business» a besoin. Il reste quelques intellectuels un peu responsables en histoire, en sociologie, en littérature, ce n’est pas tous des trous de cul. Il ne faut pas que la pensée soit soumise au gouvernement ou au «business». Si j’étais étudiant, on t’arracherait ça [les pubs]… C’est la seule réaction intelligente… »

« Les H.E.C., ce n’est pas fait pour aider le monde.  Même les facultés de sciences humaines vont se mettre à marcher droit. Est-ce que ça pourrait aller jusqu’à l’élimination de ces facultés?  Oui, ou ils vont garder les sociologues pour aider les publicistes. J’haïs tellement la pub, mettre de la pub quand tu pisses… » 

Sommes-nous une société américanisée et, si oui, dans quelle mesure le sommes-nous?

« J’ai étudié l’anthropologie, donc j’ai étudié plusieurs peuples sur la terre. Je ne fais pas de morale, tu regardes toutes les cultures sur la terre, chaque société avait son costume, ses maisons, son architecture, son art, ses histoires, sa façon de se marier, sa façon d’aimer. Qu’elle soit bonne ou pas, je m’en fous. Mais là tout le monde est habillé pareil, tout le monde a la même câlisse de casquette de base-ball, tout le monde a les mêmes «runnings», tout le monde a les mêmes jeans, tout le monde mange la même cochonnerie, tout le monde a les mêmes «hostie» de maisons, tout le monde regarde les mêmes histoires. Aujourd’hui, les sociétés  sont toutes élevées par Mickey Mouse… »

« Je fais des films pour d’autres genres de héros que les héros américains. Les héros américains ont jamais peur, alors que ce n’est pas ça la vie. Dans la vie ça existe la peur….»

Quelles sont vos plus grandes influences dans l’ensemble de l’ensemble votre œuvre et pourquoi ?

«…les cinéastes québécois qui sont venus avant moi. Entres autres deux gars, Pierre Perreault et Gilles Groulx, deux très grands cinéastes de façon ben différente. S’il y avait des histoires du cinéma un peu sérieuses, ces hommes-là seraient en très bonne place. Le peuple québécois, c’est pas un gros peuple, c’est pas une grosse culture à côté de la culture américaine, la culture française. Donc, souvent c’est eux-autres qui écrivent les histoires du cinéma. Nous autres, on existe pas. Gilles Groulx est dans quelques dictionnaires français. Moi, c’est eux autres qui m’ont formé, c’est-à-dire qui m’ont réveillé dans la vie, la première fois que j’ai vu des documentaires québécois. J’ai toujours pensé quand j’étais jeune que le cinéma c’était aussi niaiseux qu’aujourd’hui, des films avec Elvis Presley, les films avec John Wayne, aujourd’hui c’est avec DiCaprio. Eux-autres (Groulx et Perrault) ont fait des films où j’ai vu pour la première fois du monde, le monde autour de chez nous. Je me suis dit : «Câlisse, avec une caméra on peut montrer le monde autour de chez nous.» C’est là que j’ai commencé à vouloir faire du cinéma. Faire du cinéma, c’est pas juste faire des niaiseries, on peut parler de nous-mêmes…» 

« Dans mon œuvre, il y a Gilles Groulx et tout ça, pis il y a d’autres affaires plus fondamentales sans doute. C’est quand j’ai commencé à m’impliquer dans la lutte pour l’indépendance; c’est la base de mon cœur et de ma pensée, la lutte pour l’indépendance. Moi, j’avais 15 ans, j’ai embarqué là-dedans, je trouvais ça ben trippant, pis en découvrant l’oppression ici….»

Croyez-vous à la mise en péril de la culture québécoise considérant que la jeunesse s’ouvre de plus en plus sur le monde, grâce entre autres aux médias ?

« Pour moi, est pas ouverte sur le monde, elle est pauvre. Je ne sais pas sur quoi vous êtes branchés. Si je regarde les journaux, bon c’est peut-être pas des ben jeunes. Si je regarde le VOIR par exemple, c’est pas ouvert, ça se dit ouvert sur le monde, c’est ouvert sur New York, Paris, Londres… Prends un gars comme Martineau. Lui il doit trouver le Québec tellement petit et sans intérêt. Chaque fois qu’il cite des auteurs, c’est toujours des auteurs américains, toujours, quelques fois des auteurs français…» 

« Je regarde mon petit gars par exemple qui écoute… je sais pas comment ça s’appelle, du Rob Zombie, du métal, c’est tout américain, c’est des groupes québécois comme Grim Skunk qui sonnent comme l’autre de New York. Il regarde juste des films américains, il est ouvert sur rien. Ouvert sur le monde, sur le monde «my ass!»… » 

« J’ai travaillé avec les jeunes de la Course autour du monde à l’ONF, donc la génération de cinéastes après nous-autres. Ils ont été formés à la course. Je me suis aperçu qu’ils connaissent rien d’ici. Sont allés au Congo, mais sont jamais allés sur la Côte-Nord; ils sont allés au Tibet, mais ne sont jamais allés à Matane. La génération qui était avant moi, ils ont commencé par découvrir ce qui avait autour d’eux-autres. Les gens se pensent s’ouvrir sur le monde, mais ne font que du tourisme de consommation culturelle…»

Qu’est ce que le nationalisme selon Pierre Falardeau ?

« Des fois, il y a des problèmes dans le langage où on ne définit pas toujours un mot qui a une signification à une place, une autre signification ailleurs. J’ai jamais fouillé sur la signification du mot «nationalisme»; je sais que quand j’étais jeune, j’ai découvert la pensée nationaliste au Québec, ça m’a embarqué. Quand j’ai été en France pis que j’ai employé le mot nationalisme, là ça avait un sens péjoratif que moi ça avait jamais eu dans mon langage. Maintenant, c’est en train de se produire ici aussi, le mot nationalisme, ça devient suspect…»

« Dans la résistance, sous l’occupation nazie, le Front national était un mouvement d’extrême gauche, c’était la gauche française qui était nationaliste. La gauche française défendait la nation parce la nation était occupée. Alors moi, je suis un nationaliste québécois, moi je défends la nation québécoise qui est une nation occupée et annexée. Ceux qui trouvent ça sale, qui viennent me le dire, m’a leur casser la gueule… Parce que moi je ne me sens pas impur, sale, méprisant envers qui que ce soit. Si le nationalisme c’est pas bon pour les Québécois, ça devrait pas être bon pour les Canadiens non plus. Il  y a le nationalisme des petits peuples, il y a aussi le nationalisme impérialiste. Quand je vois des Américains avec leur drapeau, pis après tu vois des Palestiniens qui se promènent avec leur drapeau, ça n’a pas la même signification. Le peuple palestinien défend son existence, sa vie, son droit à un État… »

« Si j’étais américain, je ne serais pas nationaliste. Je suis nationaliste parce notre peuple est menacé… »

Quelle place faites-vous à la démocratie dans votre conception du nationalisme québécois ?

« Le mouvement national au Québec a décidé de mener une lutte démocratique. Il y a eu le F.L.Q., qui était une lutte armée, alors que le mouvement national du PQ a décidé qu’il ferait ça de façon démocratique. Mais d’autre part, je ne me fais pas trop d’illusions sur la démocratie. On es-tu vraiment dans un système démocratique? Quand toute la presse est asservie à la même «gang». Quand René Lévesque a amené une loi aussi insignifiante que la loi des financement des partis, chaque parti n’avait pas le droit de se faire financer par des grandes compagnies, c’est plus démocratique que la loi canadienne. Le parti Libéral, ça reçoit de l’argent des banques, des grandes compagnies; au Québec ils n’ont pas le droit. Donc, on est plus démocratique que de l’autre bord. Quand on nous propose de faire un référendum, c’est démocratique; quand Chrétien dit : « On le reconnaîtra pas»…  Ce n’est plus  50% plus un, ça va être plus… Ça, c’est antidémocratique. Partout sur la terre, la loi de tout ce qui est démocratique c’est 50 % plus un, partout. Pis là il y a des «hostie» de trous de cul qui ont marché là-dedans tout le temps qui gagnaient, à 60/40 pis y disent : «on a gagné!». Ils disent au dernier (référendum) : «On a gagné!» Ah oui, par moins de un pour cent ?… »

Comme nous pouvons le constater, rien ni personne ne peut freiner l’ardeur de ce militant qui demeure, somme toute, un intellectuel honnête envers lui-même et ses convictions nationalistes. Puisant une force de persévérance de ces mêmes convictions, Falardeau, qu’il soit admiré ou décrié, ne laisse personne indifférent. Les débats qu’il suscite sont à l’image du créateur et permettent, en fin de compte, à Falardeau de revendiquer sa place parmi les contestataires de l’ordre établi. Il  reste encore quelques mois avant la sortie de son nouveau film qui, selon Falardeau lui-même, pourrait être son dernier… Une histoire à suivre.

« 15 FÉVRIER 1839 » de Pierre Falardeau, EN SALLES FÉVRIER 2001

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